- Oui, on peut marcher malgré une rupture du ligament croisé, surtout en terrain plat et dans les activités quotidiennes.
- Marcher ne signifie pas que le genou est stable : l’instabilité apparaît surtout lors des pivots, changements de direction ou terrains irréguliers.
- Ne rien faire expose à des lésions méniscales secondaires, à des épisodes répétés de dérobement et à une arthrose plus précoce du genou.
- Un avis spécialisé permet d’évaluer la stabilité réelle, le niveau de risque et les options de prise en charge, qu’elles soient fonctionnelles ou chirurgicales.
Peut-on marcher avec une rupture des ligaments croisés ?
Résumé : ce qu’il faut retenir
Les 6 questions que j’entends le plus en consultation
Pourquoi puis-je encore marcher si mon ligament est rompu ?
Parce que la marche en ligne droite sollicite peu le ligament croisé. Les muscles, le ménisque et les autres ligaments assurent une compensation partielle, permettant de marcher malgré la rupture.
Est-ce que marcher abîme davantage mon genou ?
La marche simple sur terrain plat n’abîme pas le genou. En revanche, les faux mouvements, les pivots ou les terrains irréguliers peuvent provoquer des épisodes d’instabilité et aggraver les lésions, surtout en l’absence de rééducation.
Puis-je continuer le sport malgré la rupture ?
Les sports impliquant pivots, sauts ou contacts (football, ski, basket, handball…) sont à éviter. Le risque de nouvelle entorse, de lésion méniscale ou d’aggravation de l’instabilité est élevé.
Est-ce vrai que je risque d’abîmer mon ménisque ?
Oui. Les études montrent qu’une instabilité chronique du genou augmente nettement le risque de lésions méniscales secondaires, parfois irréversibles.
Dois-je me faire opérer si je suis jeune ou sportif ?
Souvent oui. Chez les patients jeunes, actifs ou sportifs, l’instabilité retentit sur les activités quotidiennes et sportives et expose à une usure prématurée du genou, favorisant l’arthrose.
Puis-je attendre avant de consulter ?
Oui, quelques jours ou semaines après le traumatisme sont possibles. En revanche, attendre plusieurs mois n’est pas recommandé : les lésions peuvent progresser silencieusement, sans douleur évidente.
Marche
Pouvoir marcher après une rupture des ligaments croisés est fréquent et souvent trompeur. En ligne droite, les muscles stabilisateurs du genou, notamment le quadriceps et les ischio-jambiers, compensent partiellement la perte de stabilité. Le genou peut alors sembler « normal », ce qui entretient la confusion.
Cependant :
- la marche ne teste pas la stabilité réelle du genou,
- les mouvements de pivot surviennent dans de nombreux gestes du quotidien (se retourner, descendre une pente, sortir d’une voiture),
- l’absence de douleur n’exclut ni la rupture ligamentaire ni le risque de lésions internes évolutives.
Cette fausse impression de sécurité conduit parfois à retarder la consultation, ce qui augmente le risque de complications, en particulier les lésions méniscales secondaires et l’usure prématurée du cartilage.
Risques
Ne rien faire après une rupture du ligament croisé expose à plusieurs risques bien documentés dans la littérature orthopédique. Le problème n’est pas immédiat, mais évolutif.
Lésions méniscales secondaires
Sans ligament fonctionnel, le tibia effectue de légers glissements anormaux lors des pivots. À moyen terme, ces micro-instabilités abîment le ménisque.
Les études montrent que jusqu’à 40 à 60 % des patients développent une lésion méniscale en cas d’instabilité persistante, et que le risque double après 12 mois d’instabilité chronique.
Une lésion méniscale modifie le pronostic : elle augmente le risque d’arthrose et complique la prise en charge, qu’elle soit fonctionnelle ou chirurgicale.
Arthrose précoce du genou
L’instabilité répétée entraîne des micro-chocs cartilagineux, une répartition anormale des contraintes et une usure progressive du cartilage.
Plusieurs études montrent une augmentation significative de l’arthrose dans les dix années suivant la rupture, surtout lorsque le ménisque est atteint.
Perte sportive et limitation fonctionnelle
Sans stabilité satisfaisante, les sports impliquant pivots, contacts ou descentes deviennent difficiles, voire impossibles : football, ski, basket, handball, trail en descente.
Avec le temps, l’appréhension augmente, les épisodes de dérobement se répètent et les activités sont progressivement réduites, parfois jusque dans les gestes du quotidien.
Douleurs persistantes et gonflements répétés
Un genou instable s’irrite facilement. Des gonflements à répétition, des craquements ou une sensation de « lâchage » peuvent apparaître, même en dehors d’un effort important.
Point clé à retenir : la rupture isolée du ligament croisé ne détruit pas le genou immédiatement, mais l’inaction expose à des complications évitables. Une évaluation spécialisée permet d’anticiper ces risques et d’adapter la prise en charge au profil du patient.
Activités à éviter
Après une rupture du ligament croisé, certaines activités augmentent nettement le risque d’instabilité, de lésions méniscales secondaires et d’aggravation à long terme.
Activités à éviter absolument
Les activités impliquant pivots, torsions ou changements brusques de direction sont les plus à risque :
-
sports pivot-contact : football, rugby, basket, handball,
-
ski, en raison du risque élevé de torsion incontrôlée,
-
trail en descente,
-
course sur terrain irrégulier,
-
mouvements de rotation rapides du genou.
Ces contraintes favorisent les pivots incontrôlés responsables de lésions méniscales et d’épisodes de dérobement.
Activités à limiter ou à encadrer
Certaines activités peuvent être envisagées avec prudence, idéalement après évaluation et rééducation :
-
musculation lourde sans supervision,
-
squats profonds mal contrôlés,
-
changements brusques de direction dans les gestes du quotidien.
Activités généralement tolérées
En l’absence de douleur ou d’instabilité marquée, certaines activités sont habituellement bien tolérées :
-
marche sur terrain plat,
-
vélo avec résistance modérée,
-
natation, en évitant les poussées de virage violentes.
Un avis spécialisé permet d’adapter précisément les activités autorisées ou déconseillées en fonction du niveau d’instabilité, du profil du patient et de ses objectifs sportifs ou professionnels.
Quels signes doivent vous alerter et quand consulter ?
Il est recommandé de consulter en cas de rupture du ligament croisé si l’une des situations suivantes est présente :
- sensation d’instabilité, de dérobement ou d’appréhension lors des mouvements,
- gonflement du genou après certains gestes ou efforts,
- douleur persistante au-delà de quelques jours,
- souhait de reprise sportive, même à niveau loisir,
- mode de vie actif ou professionnel sollicitant le genou, quel que soit l’âge.
Un avis spécialisé permet :
- d’évaluer précisément la stabilité réelle du genou,
- d’estimer le risque de lésions méniscales associées,
- d’expliquer les options de prise en charge (rééducation, adaptation, chirurgie selon le profil),
- de limiter le risque d’arthrose précoce lié à l’instabilité chronique.
FAQ : peut-on marcher avec une rupture des ligaments croisés
Peut-on vraiment marcher avec une rupture des ligaments croisés ?
Oui, c’est fréquent, surtout en terrain plat. La marche est possible grâce à la compensation musculaire, mais elle ne reflète pas la stabilité réelle du genou.
La rupture du ligament croisé peut-elle guérir seule ?
Non. Le ligament croisé ne cicatrise pas spontanément. Les douleurs peuvent diminuer, mais l’instabilité persiste si le ligament ne fonctionne plus.
Marcher est-il dangereux après une rupture du ligament croisé ?
La marche simple n’est généralement pas dangereuse. En revanche, les pivots incontrôlés, les faux mouvements ou les terrains irréguliers augmentent le risque de lésions méniscales.
Si je n’ai plus mal, est-ce que mon genou va bien ?
Pas forcément. L’absence de douleur n’exclut ni la rupture ligamentaire ni les lésions internes évolutives. Beaucoup de complications surviennent sans douleur marquée.
Attendre plusieurs mois avant de consulter est-il problématique ?
Oui. Les lésions méniscales et cartilagineuses apparaissent souvent dans les mois suivant la rupture, surtout en cas d’instabilité non prise en charge.
Peut-on reprendre le sport sans ligament croisé ?
Parfois, mais avec des limites. Les sports pivotants exposent à un risque élevé d’instabilité et de lésions secondaires sans traitement adapté.
L’opération est-elle toujours nécessaire ?
Non. La décision dépend du niveau d’instabilité, du mode de vie, des objectifs sportifs et des lésions associées. Une évaluation spécialisée est indispensable.