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Douleur du tendon d’Achille : causes, traitements et évolution

La douleur du tendon d’Achille est une cause fréquente de consultation, chez le sportif comme chez le patient sédentaire. Elle survient le plus souvent à la suite d’un surmenage, de microtraumatismes répétés, d’une raideur des mollets ou de chaussures inadaptées.

La douleur peut apparaître après un effort ou s’installer progressivement, avec une gêne à la marche, à la course ou au réveil (raideur matinale). Identifier la cause permet de proposer un traitement adapté, le plus souvent conservateur, et d’éviter l’évolution vers une forme chronique ou une rupture, plus rare mais grave.

Douleur du tendon d’Achille avec sensibilité au niveau de la cheville
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DR JABALLAH

Chirurgie orthopédique

Résumé : ce qu’il faut retenir

  • La douleur du tendon d’Achille est le plus souvent liée à une sursollicitation ou à un trouble mécanique (raideur, déséquilibre musculaire, chaussage).

  • Elle peut correspondre à une tendinopathie, une atteinte de l’insertion sur le talon, ou plus rarement à une fissuration du tendon.

  • Le traitement est en priorité conservateur, reposant sur le repos relatif, la rééducation adaptée et la correction des facteurs favorisants.

  • Un avis spécialisé est recommandé en cas de douleur persistante, d’aggravation ou de limitation fonctionnelle, afin d’éviter une évolution chronique ou une complication plus grave.

Quels signes doivent vous alerter et quand consulter ?

Certains symptômes doivent inciter à consulter rapidement :

  • Douleur persistante depuis plusieurs semaines malgré le repos
  • Douleur matinale associée à une raideur prolongée
  • Gêne à la marche ou apparition d’une boiterie
  • Sensation de tendon épaissi, sensible ou douloureux au toucher
  • Douleur brutale avec perte de force, évoquant une atteinte plus sévère

Une consultation médicale permet de poser un diagnostic précis, d’adapter la prise en charge et d’éviter une aggravation. Une évaluation précoce aide à prévenir l’évolution vers une forme chronique ou, plus rarement, vers une rupture du tendon d’Achille.

Les 6 questions que j’entends le plus en consultation

La douleur du tendon d’Achille est-elle toujours une tendinite ?

Non. Dans la majorité des cas, il s’agit d’une tendinopathie du tendon d’Achille, correspondant à une altération progressive du tendon sans véritable inflammation aiguë.

Peut-on continuer le sport avec une douleur du tendon d’Achille ?

Oui dans certains cas, uniquement si la douleur est modérée et contrôlée. Une adaptation de l’activité sportive et un repos relatif sont souvent indispensables pour éviter l’aggravation.

Une douleur du tendon d’Achille peut-elle conduire à une rupture ?

Oui, mais le risque reste faible. Il augmente en cas de douleur persistante négligée, de surcharge mécanique ou de reprise sportive trop précoce.

Faut-il systématiquement une IRM ou une échographie du tendon d’Achille ?

Non. L’imagerie n’est pas systématique. Elle est réservée aux doutes diagnostiques, aux formes atypiques ou en cas d’échec du traitement conservateur.

Quel est le temps de guérison d’une tendinopathie du tendon d’Achille ?

Le délai de récupération varie de quelques semaines à plusieurs mois, selon l’ancienneté des symptômes, la cause et la qualité de la prise en charge.

Les infiltrations sont-elles recommandées pour le tendon d’Achille ?

Les infiltrations intratendineuses sont déconseillées en raison du risque de fragilisation. Elles sont exceptionnelles et doivent être strictement encadrées.

Localisation de la douleur

Schéma anatomique du tendon d’Achille montrant le muscle (rouge), le tendon (blanc) et son insertion sur le calcanéum.

La localisation de la douleur du tendon d’Achille est un élément déterminant du diagnostic et de la prise en charge.

La douleur peut siéger au niveau du corps du tendon, généralement 2 à 6 cm au-dessus du talon. Il s’agit de la forme la plus fréquente, correspondant à une tendinopathie du corps du tendon, souvent liée à une surcharge mécanique.

Elle peut également être située à l’insertion sur le calcanéum (talon). Cette présentation évoque une tendinopathie d’insertion, parfois associée à une irritation osseuse ou à une bursite rétrocalcanéenne, avec des contraintes thérapeutiques spécifiques.

Plus rarement, la douleur peut concerner l’ensemble du tendon, situation atypique devant faire rechercher une surcharge importante ou une pathologie associée.

Une douleur située plus haut dans le mollet, à caractère musculaire, avec sensation de déchirure ou de coup de fouet à l’effort, oriente plutôt vers une lésion musculaire du triceps sural et non une atteinte du tendon d’Achille.

La localisation précise de la douleur conditionne le diagnostic, le choix du traitement et le pronostic fonctionnel.

Causes possibles

La douleur du tendon d’Achille est le plus souvent multifactorielle. Parmi les causes et facteurs favorisants :

  • Surmenage sportif ou reprise trop rapide
  • Chaussage inadapté, rigide au contrefort
  • Raideur du mollet ou déséquilibre musculaire
  • Anomalies statiques du pied
  • Terrain favorisant : âge, surcharge pondérale, contraintes professionnelles
  • Tabagisme, diminuant la microcirculation et la cicatrisation tendineuse
  • Calcifications du tendon d’Achille, surtout dans les formes chroniques
  • Déformation de Haglund
    Proéminence osseuse postéro-supérieure du calcanéum, responsable de frottements répétés entre l’os, le tendon d’Achille et la bourse rétrocalcanéenne. Elle est fréquemment associée à une tendinopathie d’insertion, une bursite rétrocalcanéenne et une douleur majorée par le port de chaussures fermées.

La douleur résulte le plus souvent d’un ensemble de facteurs associés.
L’identification précise de ces éléments conditionne le choix du traitement, l’adaptation du chaussage et le pronostic fonctionnel.

Examens utiles

Le diagnostic de la douleur du tendon d’Achille est avant tout clinique, reposant sur l’interrogatoire et l’examen physique.
Les examens complémentaires ne sont pas systématiques, mais peuvent être utiles dans certaines situations.

  • L’échographie est souvent l’examen de première intention. Elle permet d’analyser l’épaisseur du tendon, sa structure, la présence de fissurations, de néovascularisation ou d’une bursite associée.
  • L’IRM est indiquée en cas de douleur persistante, d’évolution atypique ou d’échec du traitement bien conduit. Elle offre une analyse plus globale du tendon, des tissus environnants et permet d’éliminer une lésion plus sévère.
  • Les radiographies sont utiles lorsqu’une atteinte osseuse associée est suspectée. Elles permettent notamment une meilleure visualisation des calcifications, des enthésopathies d’insertion ou d’une déformation de Haglund, souvent impliquées dans les douleurs chroniques ou d’insertion.

Ces examens doivent être prescrits de manière ciblée, en fonction du contexte clinique, afin d’orienter la prise en charge sans retarder inutilement le traitement.

Traitements proposés

Le traitement de la douleur du tendon d’Achille est le plus souvent conservateur et doit être conduit de façon progressive et structurée.

La prise en charge repose en première intention sur une adaptation ou un arrêt temporaire de l’activité sportive, sans immobilisation prolongée. La rééducation avec travail excentrique constitue le pilier du traitement, avec des exercices de chargement tendineux adaptés, associés à des étirements progressifs du mollet. L’application de glace après l’effort peut être proposée en cas de douleur. La correction des facteurs mécaniques est essentielle, incluant le chaussage, les semelles orthopédiques si besoin et l’adaptation des contraintes sportives.

Dans certaines formes chroniques ou résistantes au traitement bien conduit, des options complémentaires peuvent être discutées :

  • PRP (plasma riche en plaquettes)
    Peut être proposé dans des cas sélectionnés. Les données actuelles montrent une efficacité variable, non supérieure de façon constante aux exercices excentriques seuls. Le PRP ne remplace jamais la rééducation, qui reste indispensable.

  • Infiltrations
    Les infiltrations intratendineuses sont déconseillées, en raison du risque de fragilisation et de rupture. Elles peuvent être exceptionnellement discutées à distance du tendon, selon le contexte, avec une grande prudence.

  • Thérapie par ondes de choc extracorporelles
    Option intéressante dans certaines tendinopathies chroniques, notamment d’insertion. Elle peut améliorer la douleur et la fonction, en complément d’un programme de rééducation.

  • Dry needling / needling percutané
    Techniques parfois utilisées dans les formes rebelles, visant à stimuler une réponse de cicatrisation locale, avec des résultats variables selon les études.

Les recommandations internationales soulignent que les exercices de chargement tendineux, en particulier excentriques, constituent la première ligne de traitement, avec une efficacité supérieure aux approches passives sur la douleur et la fonction. Toute stratégie invasive doit rester secondaire, individualisée et intégrée à une prise en charge globale.

FAQ : Douleur du tendon d’Achille

La douleur du tendon d’Achille peut-elle disparaître spontanément ?

Oui, surtout dans les formes récentes, à condition que la prise en charge soit précoce et adaptée.

Faut-il immobiliser le pied en cas de douleur du tendon d’Achille ?

Non. L’immobilisation prolongée est rarement indiquée et peut retarder la récupération.

Peut-on marcher avec une douleur du tendon d’Achille ?

Oui, tant que la douleur reste modérée et ne s’aggrave pas à la marche.

Le repos complet est-il nécessaire ?

Pas toujours. Un repos relatif, avec adaptation des activités, est le plus souvent préférable.

Quand faut-il envisager une chirurgie du tendon d’Achille ?

Très rarement, uniquement après échec d’un traitement conservateur bien conduit sur plusieurs mois.

Quelles sont les causes les plus fréquentes de la douleur du tendon d’Achille ?

Le plus souvent un surmenage, des chaussures inadaptées, une raideur des mollets ou des microtraumatismes répétés.

Quels sont les symptômes typiques d’une atteinte du tendon d’Achille ?

Douleur derrière le talon, raideur matinale, gonflement localisé et sensibilité au toucher, aggravés par l’effort.

Comment diagnostique-t-on une douleur du tendon d’Achille ?

Le diagnostic est avant tout clinique. Une échographie ou une IRM est demandée en cas de persistance ou de doute.

Quels traitements permettent de soulager la douleur ?

Repos relatif, glace, étirements progressifs, kinésithérapie avec travail excentrique et correction du chaussage.

Les étirements sont-ils réellement efficaces ?

Oui. Les étirements doux et progressifs du mollet réduisent la raideur et participent à la prévention des récidives.

Faut-il porter une attelle en cas de douleur du tendon d’Achille ?

Parfois, notamment la nuit ou lors de certaines activités, mais pas en continu.

La douleur du tendon d’Achille est-elle liée à l’âge ou au poids ?

Oui. Elle est plus fréquente après 30–40 ans et en cas de surpoids, qui augmente les contraintes mécaniques.

Comment prévenir une douleur du tendon d’Achille ?

Par des étirements réguliers, un chaussage adapté, un échauffement avant le sport et une progression des charges.

Existe-t-il des exercices spécifiques pour le tendon d’Achille ?

Oui. Les exercices excentriques (heel drops sur une marche) sont la référence, sous supervision pour éviter les erreurs.

Les chaussures jouent-elles un rôle dans la douleur du tendon d’Achille ?

Oui. Des chaussures usées, rigides ou peu amorties aggravent les symptômes. Un bon soutien du talon est essentiel.